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La théorie de la puissance

La théorie de la puissance

Le nouvel adepte peut se demander : d’où peut-on obtenir la puissance nécessaire pour créer des résultats aussi dévastateurs que ceux qui sont attribués au Taekwon-Do ? Cette puissance vient de l’utilisation de toute la force d’une personne par l’usage mathématique des techniques du Taekwon-Do. L’individu moyen fait usage seulement de 10 à 20 % de cette force. Toute personne qui se conditionne à utiliser 100 % de son potentiel peut exécuter les mêmes techniques destructrices, peu importe sa taille, son âge ou son sexe.

Quoique l’entraînement amène sûrement à un niveau élevé de forme physique, il n’en résulte pas nécessairement une acquisition d’endurance extraordinaire ou de force surhumaine. Plus précisément, l’entraînement au Taekwon-Do permet d’acquérir une grande force de réaction, de concentration, d’équilibre, de contrôle de la respiration et de la vitesse. Ce sont ces facteurs qui permettent un haut degré de puissance physique.

  1. FORCE DE RÉACTION (BANDONG RYOK)

  2. LA CONCENTRATION DE L’ÉNERGIE (JIP JOONG)

  3. L’ÉQUILIBRE (KYUN HYUNG)

  4. CONTRÔLE DE LA RESPIRATION (HOHUP JOJUL)

  5. LA MASSE (ZILYANG)

  6. LA VITESSE (SOKDO)

  7. LA VITESSE ET LES REFLEXES (SOKDO WA BAUNG)

 

Force de réaction (BANDONG RYOK)

Selon la loi de Newton, chaque force créée a une force égale et opposée. Lorsqu’une automobile se fracasse sur un mur avec une force de 2000 livres, le mur lui retourne une force de 2000 livres; forcer un bout d’une bascule vers le bas avec un poids d’une tonne produit une force vers le haut du même poids à l’autre bout; si votre adversaire se rue vers vous à une grande vitesse, par le plus petit coup avec lequel vous frappez sa tête la force est celle de son propre mouvement plus celle de votre coup.

Les deux force se combinent. C’est très impressionnant : sa très grande force et la vôtre qui est petite. Voilà qui est la force de réaction de l’adversaire. Une autre réaction est la votre. Un coup de poing droit est assisté par le retrait du poing gauche à la hanche.

 

La concentration de l’énergie (JIP JOONG)

En appliquant la force de frappe sur la plus petite cible, il y a concentration de la force et alors augmentation de l’effet. Par exemple, l’eau sort d’un boyau en plus grande force plus l’orifice est réduit. À l’inverse, le poids d’une personne réparti sur des raquettes fait peu de pénétration dans la neige.

Les coups en Taekwon-Do sont souvent concentrés à partir des bords de la paume ouverte ou à la jointure des doigts.

Il est important de ne pas déployer toute sa force au début mais graduellement. Particulièrement au moment du contact avec le corps de l’adversaire, la force doit être tellement concentrée qu’elle donne un coup décisif. Cela veut dire que plus le temps de concentration est court, plus le coup est fort. La plus grande concentration est nécessaire en vue de mobiliser simultanément chaque muscle du corps sur la plus petite cible.

En guise de conclusion, disons que la concentration s’applique en deux étapes :

  • La première consiste à concentrer chaque muscle du corps, particulièrement des gros muscles autour des cuisses et de l’abdomen (qui en théorie sont plus lents que les plus petits muscles des autres parties du corps) vers l’arme corporelle appropriée pour usage au moment choisi.
  • La deuxième consiste à concentrer ces muscles mobilisés sur les points vitaux de l’adversaire. C’est la raison pour laquelle les cuisses et l’abdomen sont contractés peu avant les mains et les pieds dans tout mouvement, soit en attaque, soit en défense.

 

L’équilibre (KYUN HYUNG)

L’équilibre est d’une très grande importance pour toute activité physique. En Taekwon-Do, il exige une attention particulière. En tenant le corps toujours stable, c’est-à-dire bien équilibré, un coup est plus efficace et plus dangereux. En contre partie, celui qui est en déséquilibre est facilement renversé. La position doit toujours être stable quoique souple, tant en mouvement d’attaque qu’en défense.

L’équilibre se divise en stabilité dynamique et statique. Elles sont tellement reliées que le maximum de force ne peut être produit lorsque la stabilité statique est maintenue par la stabilité dynamique.

Pour maintenir un bon équilibre, le centre de gravité de la position doit se trouver sur une ligne droite au milieu des deux jambes lorsque le poids du corps est réparti également sur chaque jambe, ou au centre du pied lorsqu’il est nécessaire de concentrer le gros du poids sur un pied. Le centre de gravité peut être ajusté selon le poids du corps. La flexibilité et la force des genoux sont aussi importantes pour maintenir l’équilibre tant au cours d’une attaque rapide que durant une récupération instantanée. Un point à ajouter : le talon du pied arrière ne doit jamais quitter le sol au moment de l’impact. Ceci n’est pas uniquement nécessaire pour un bon équilibre mais aussi pour produire le maximum de puissance au point d’impact.

 

Contrôle de la respiration (HOHUP JOJUL)

Une respiration contrôlée affecte non seulement la résistance et la vitesse d’une personne mais peut aussi conditionner le corps à recevoir un coup et augmenter la puissance du coup dirigé vers un adversaire. Avec la pratique, l’arrêt de la respiration dans l’état d’expiration au moment critique où le coup est porté à un point sur le corps peut prévenir une perte de conscience et réduire la douleur. Une expiration rapide au moment de l’impact et l’arrêt de la respiration durant l’exécution d’un mouvement tend l’abdomen pour concentrer le maximum d’effort sur le déclenchement de la motion. Une inhalation lente aide la préparation du mouvement suivant. Une règle importante à retenir : il ne faut jamais inhaler pendant un blocage ou un coup de l’adversaire. Non seulement il y a gêne du mouvement, mais il en résulte une perte de puissance. Les adeptes doivent aussi pratiquer des respirations dissimulées pour cacher tout indice extérieur de fatigue. Un combattant d’expérience va certainement forcer une attaque lorsqu’il réalise que son adversaire est exténué.

Une respiration se prend pour chaque mouvement, sauf les cas de mouvements continus.

 

La masse (ZILYANG)

Selon les lois de la physique, l’énergie ou force cinétique maximum est obtenue par le poids maximum du corps et la vitesse. Il est important que le poids du corps soit augmenté au moment de l’exécution d’un coup. À ne pas oublier, le poids maximum du corps est appliqué avec un mouvement rotatif des hanches. Les gros muscles de l’abdomen sont croisés pour produire un élan additionnel du corps. Ainsi les hanches tournent dans la même direction de celle des armes corporelles qui attaquent ou bloquent. Une autre façon d’augmenter le poids du corps consiste à utiliser l’action à ressort de la jointure du genou. On obtient cet effet en levant légèrement la hanche au début du mouvement et en la baissant au moment de l’impact pour jeter le poids du corps dans le mouvement.

En résumé, il est nécessaire de souligner que les principes de force décrits ici sont aussi vrais aujourd’hui dans notre monde nucléaire moderne et scientifique qu’il y a des siècles. Lorsqu’on pratique cet art, la base scientifique des mouvements et la puissance réelle qui sort d’un corps humain ne peut qu’impressionner.

 

La vitesse (SOKDO)

La vitesse est le facteur le plus essentiel de la force ou de la puissance. En science appliquée, la force égale la masse x l’accélération (F=MA).

  • Un premier exemple : une grosse pierre est lâchée doucement à trois pouces de hauteur sur une vitrine doublée.
  • Un deuxième exemple : une petite pierre est lancée à grande vitesse contre cette vitrine.
  • Un troisième exemple : le tranchant de main est passé lentement à travers la flamme. La chandelle, cependant, s’éteint d’un coup de poing ou pied contrôlé arrêté à moins d’un pouce de la flamme.

En vertu de la théorie de l’énergie potentielle, tout objet augmente en poids et en vitesse dans un mouvement vers le bas. Ce principe est appliqué à cet art particulier d’autodéfense. Pour cette raison, au moment d’un impact, lorsque le corps est dans les airs, la main est normalement plus basse que l’épaule et le pied plus bas que la hanche.

La force de réaction, le contrôle de la respiration, l’équilibre, la concentration et la relaxation des muscles ne peuvent être ignorés. Ce sont des facteurs qui contribuent à la vitesse. Tous ces facteurs alliés à des mouvements de souplesse et de rythme doivent être très bien coordonnés pour produire le maximum de puissance en Taekwon-Do.

La vitesse et les réflexes (SOKDO WA BAUNG)

Pour les adeptes du Taekwon-Do il est essentiel de comprendre la relation entre la vitesse et le temps d’exécution des techniques pour les appliquer efficacement.

Arriver à des mesures précises de ces facteurs a été bien difficile à cause de la grande vitesse à laquelle les techniques du Taekwon-Do sont exécutées. En avril 1973, l’expérience est faite de mesurer la vitesse exacte et le temps d’exécution des différentes techniques.

La méthode utilisée est la photographie STROBO à lampes éclaires multiples. Deux unités de contrôle EGSG-modèle 553-11 (numéro de série 248 et 256), et deux lampes éclaires en réflexion sont utilisées pour enregistrer le mouvement sur un film. Cette expérience est faite dans le laboratoire STROBO du M.I.T. avec permission particulière des professeurs Edgerton et Miller.

Un fait remarquable : le temps d’exécution des coups de pied de côté et avant sautés est plus court que le temps d’un réflexe normal, ce qui veut dire qu’il est impossible pour quiconque de bloquer des coups de pied à moins de les détecter avant que la jambe laisse le sol, c’est-à-dire anticiper quel coup vient avant son exécution.

Le temps de réflexion normal est le temps couru durant l’acte réflexe. L’acte réflexe consiste en une action par laquelle la réaction a lieu généralement comme réponse directe et immédiate à un stimulus précis. Ici nous avons à faire à des réflexes conditionnés qu’on peut décrire comme des ajustements acquis suite à des stimulus extérieurs particuliers; par exemple voyant un poing ou un pied venir, répondre par un blocage ou sortir du trajet. Le temps de réflexe normal a été expérimentalement déterminé comme étant près de 2 dixièmes de seconde, au plus rapide.

Aucune de ces techniques ne peut être bloquée si l’adepte attend que l’adversaire commence à l’exécuter. Le temps d’exécution de ces techniques est plus court que le temps pris par les réflexes pour leur répondre. Alors, il faut déceler le déploiement de ces techniques avant leur exécution. C’est la raison pour laquelle on doit fixer en tout temps les yeux de l’adversaire et non regarder vers ses jambes ou ses bras.